La première séance du stage de méditation
Ulysse nous raconte sa première séance du stage de méditation dirigé par Maître Kalé Laïssou. Un type indéfinissable (même pas sûr qu’il soit asiatique) à la tête oblongue et à l’humour rond. Il s’exprime par images, et n’hésite jamais, dans l’ardeur de la vulgarisation, à filer la métaphore. Il leur parle du désir de changer, qu’ils possèdent tous et qui est très estimable mais auquel il leur faut encore donner la seule profondeur véritable : celle de la persévérance. Se détacher de soi, c’est commencer une longue ascension sur un sentier de montagne. Le but final sera de découvrir, depuis le sommet de l’apaisement où ils seront parvenus, le panorama entier de l’être, avec la petite vallée du moi perdue tout là-bas au milieu des autres vallées. Ils doivent savoir que cette randonnée ne sera pas toujours une partie de plaisir. Mais il est important de monter sans jamais s’arrêter, de faire chaque jour un pas après l’autre.
Ulysse nous confie que cette première séance sera peut-être aussi la dernière. II n'adhère pas entièrement à ce discours, qui le gêne, et presque l'agace. Il ne souhaite pas devenir un sage, mais un écrivain, non pas se détacher de soi, ni éliminer ses zones d’ombre, mais au contraire les explorer; s’il faut absolument se donner une mission altruiste, elle ne pourra consister qu’à transmettre ensuite cette connaissance de son gouffre à ceux qui voudront le lire.
Peut-être aurait-il dû couper la chique à maître Kalé et lui confier ses doutes, ne serait-ce que pour voir sa tête! Ou pour entendre son rire!...