La génération charnière
Denis me regarde avec une sympathie amusée : il pense comme moi que nous ne vivons qu’une génération intermédiaire, coincée entre l’ancienne pensée de l’individualisme et la nouvelle que ses ravages vont peut-être faire émerger, mais lui ne regrette pas de vivre trop tôt pour connaître la métamorphose. A son avis, si des œuvres importantes ont chance peut-être de naître parmi nous, c’est justement parce que nous nous trouvons dans l’entre-deux. Nous appartenons encore par beaucoup de nos réflexes à l’ancien monde et nous aspirons déjà au nouveau. A quelque chose de radicalement autre. Mais quoi ? Pour atteindre à la complexité, il faut chercher là, dans ce qui coince, dans la rouille de la génération charnière.