Les « Zèles» de l'Athanor

Publié le par christophe bouquerel

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Emouvant de voir ce projet s’élaborer peu à peu.


http://storage.canalblog.com/09/62/320523/36468868.jpgLa  pièce est jouée notamment par deux anciens élèves de l’option théâtre, Cécile Coudol et Martin Lenzoni, http://storage.canalblog.com/38/23/320523/34539386.jpgqui, après le lycée, sont allés apprendre leur futur métier au Studio Théâtre d’Asnières. Elle est écrite par Cécile Aziliz, la metteuse en scène de la Compagnie Athanor qui est établie à Meudon et avec laquelle la classe de 1L dont je m’occupe a établi l’année dernière une sorte de compagnonnage artistique. Dans la salle de théâtre du lycée, nous avons assisté à plusieurs répétitions du spectacle précédent, les « Autruches ».

Et puis nous avons assisté à la naissance de « Zèles ». Les premiers essais de texte ont été travaillés l’année dernière devant les élèves qui ont pu réagir et proposer. Un peu, parce que ce n’est pas facile de faire se rencontrer ainsi des élèves et des comédiens, surtout à une période de l’année où l’on commence dans un lycée à beaucoup penser au bac !...

http://storage.canalblog.com/82/43/320523/47592204.jpgPendant l’été, Cécile toute seule comme une grande a continué à écrire.


Et maintenant voici les premières représentations dans la jolie petite salle du Théâtre du Temps. Martin joue un jeune homme qui, rivé à son portable et à son téléphone, cherche du travail. Un jeune homme plein de zèle mais qui est mal parti. Pourtant il a même mis une cravate (sans doute pour que sa voix soit crédible au téléphone). Cécile joue une jeune femme, qui tente d’être moins stressée que son copain et de profiter un peu du soleil au bord de l’eau. http://storage.canalblog.com/35/75/320523/36465026.jpgLe couple va être dérangé par une maboule (interprétée par Françoise Le Plénier). Elle porte trois tutus, un drôle de chapeau d’aviateur et un vieux sac rempli d’encore plus vieux bouquins. Elle cite Sénèque et Pascal à tout bout de champ. Et encore pire, elle croit que le zèle, c’est les ailes, et que les ailes, c’est fait pour voler. Elle donne la nostalgie à ces deux jeunes adultes sur le point d’être rattrapé par le réel de ces moments rares où ils ont cru « avoir des ailes ». Comment faire pour retrouver cette intensité ? De quoi faut-il s’alléger ? S’agit-il seulement de se délester de ces objets matériels qui nous encombrent pour ne plus se confier qu’à de belles phrases de philosophe ? S’agit-il seulement de se délester de la pression sociale qui nous oppresse ? Ne faudrait-il pas plutôt la réinvestir d’une énergie autre ? Pour repartir vers le réel et vers la société mais allégé et densifié? Peut-être que prendre vraiment son vol, c’est accepter de marcher, parce qu’entre chaque pas posé sur la terre humaine, il y a comme un minuscule  et perpétuel décollage d’un de nos deux pieds ? Et ça, dans le travail, ça dans le couple ?

Je ne suis pas sûr que la pièce soit encore allée au bout de ce questionnement. Au début, les personnages sont bien dessinés, l’interprétation encore un peu en force, mais le spectateur se laisse volontiers embarquer. Un joli moment où les trois personnages se racontent leur moment de grâce ailée et celui où ils sont retombés par terre. Ensuite on les perd.  Ils s’effacent derrière les symboles scéniques et les citations qu’ils égrènent. La pièce s’achève dans un éloge de l’amour un peu naïf, même si cette naïveté est revendiquée (étrange comme après la "Princesse de Montpensier" et "Badine 2.5," je tourne autour de ce thème…), dans une ambiance généreusement foutraque mais peut-être trop lourdement seventies.


Après ces premiers essais, l’écrivaine metteuse en scène et ses trois comédiens, riches des réactions de leur public ami, vont se remettre au travail. Le texte et le jeu ont encore besoin d’être densifiés, condensés et approfondis. Les représentations devant le « vrai »public auront lieu en mars, toujours dans cette petit Théâtre du Temps. J’y retournerai. Parce que j’aime bien cette aventure. J’aime bien ceux qui, malgré la pesanteur de l’époque, tentent encore de se découper des ailes dans le carton rugueux du théâtre pour jouer comme avant à s’envoler.

 

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