The Chronicle

Publié le par christophe bouquerel

 

http://www.filmosphere.com/wp-content/uploads/2012/01/Chronicle-affiche.jpgHééééé pas mal du tout. La bonne surprise.

Le pitch (trois ados recevant des superpouvoirs et décidant de les garder pour eux plutôt que de sauver le monde) m’avait amusé. D’ailleurs, tout le début du film est dans ce ton parodique, de « Blair Witch » pour les fausses prises de vue réelles, de « Spiderman » pour l’expérimentation ludique des superpouvoirs. C’est déjà un mélange des genres réjouissants. Et l’alliance entre le côté bricolo de la caméra vidéo et des effets spéciaux est bluffant. Je repense à une scène « en plein ciel » totalement jouissive ou à l’affrontement final en pleine ville. Comme dans « Super 8 » mais de façon plus intéressante, l’idée du tournage dans le tournage nous montre que tout ça, c’est du cinéma, et, waouh, ça fonctionne bien.

 

 


 

 

 

Mais il y a peut-être quelque chose de plus. Car l’intuition de départ est très juste : inscrire le monde des super-héros dans celui de l’adolescence, qui est l’âge de ce fantasme de toute puissance, capable d’exprimer le désir et la peur de la métamorphose réelle en train de s'opérer. http://blog.1001actus.com/files/2012/01/chronicle-bande-annonce-1-355579.jpgCette intuition est travaillée tout au long du film. Le personnage principal, en butte aux brimades de ses condisciples de lycée, à la violence de son père, à la maladie de sa mère, est d'une fragilité attachante (belle performance de Dane DeHaan en vieil enfant se prenant peu à peu pour un "prédateur alpha"). Les deux autres, bien dessinés au départ, sont moins fouillés et peinent un peu à équilibrer le conflit. Néanmoins, le film peut nous proposer aussi une peinture de la vie d’un teenager américain dans une petite ville de province à la déréliction ordinaire. Finalement, cet Andrew contemporain et ses deux copains ne sont pas si éloignés de leurs frères anciens de « L’éveil du printemps » sur lesquels je travaille actuellement. Le thème du superpouvoir, comme, dans la pièce allemande, l’onirisme de la forêt, devient un moyen symbolique d’exprimer le délire, l’énergie déconnante, la futilité, mais aussi la rage désespérée, l’aspiration à se donner des règles, et celle parallèle à les trangresser et à partir en vrille, à tout casser pour tout résoudre de ce qui oppresse. Bref, la parodie de film de superhéros devient un beau film sur l’adolescence.

Il m’a évoqué, en moins complexe plus ludique, moins abouti sans doute, l’extraordinaire « Donnie Darko » de Richard Kelly, sorti il y a tout juste dix ans. Même volonté d’utiliser les codes du film de genre (dans un cas le film fantastique, dans l’autre le film de superhéros) pour explorer l’âge des métamorphoses. Cela me fait penser qu’on n’a pas eu beaucoup de nouvelles de Richard Kelly depuis, ou alors je les ai manquées. Josh Trank, dont c’est le premier film, déjà très maîtrisé, aura-t-il lui aussi une carrière météore ou bien continuera-t-il à parcourir les films de genre pour nous donner des nouvelles de la jeunesse américaine ? A suivre.

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