Shutter Island

Publié le par christophe bouquerel

 

http://cine-serie-tv.portail.free.fr/actu-cine/23-07-2009/shutter-island-le-poster-ou-il-manque-du-monde/shutter_island_5.jpg

 

Sûrement pas le film le plus personnel de Martin Scorsese mais un exercice de style brillant et un hommage au film noir des années 50 : un duo de flics virils se retrouve coincé sur une île abritant un hôpital psychiatrique dont une des malades  a disparu, en butte à l’hostilité des matons et aux agissements mystérieux d’un médecin inquiétant par son ouverture d’esprit même…

Pourtant, j’ai eu du mal à rentrer dans le film : trop efficace ?

 

Je n’ai été happé que dans le dernier tiers. A partir du moment où le spectateur est clairement confronté à deux choix possibles : soit  Teddy Daniels, le policier joué par Léonardo Di Caprio, se trouve face à un complot ourdi par une organisation paraétatique qui tente de le faire passer pour fou afin de couvrir les expérimentations criminelles menées sur les malades, soit il est vraiment fou. Et nous mettons une énergie aussi désespérée que la sienne à préférer le plus longtemps possible la première solution. Tout nous y pousse, et notamment notre culture cinématographique ou télévisuelle. Scorsese sait bien que le spectateur américain, au moins lorsqu’il se trouve dans le cocon régressif de la salle obscure, se rangera spontanément du côté de l’individu contre l’Etat, de celui qui crie au complot contre ceux qui le nient. Le réalisateur joue en virtuose de notre paranoïa, pour nous amener peu à peu à douter de nos réflexes et à remettre en cause le point de vue du héros. Car nous sommes tous des spectateurs américains façonnés par soixante ans de théorie du complot : une bande d’irréductibles et voluptueux paranoïaques en puissance.

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V
<br /> Ce qui m'a dérangée, c'est cette grande explication de la fin où Scorcese sacrifie jusqu'au bout à l'exercice de style du film noir des années 50. Trop à mon goût, le spectateur a davantage de<br /> finesse et ce passage alourdit sans necessité le film. Ce grand déballage où l'on s'assure que le spectateur a saisi le moindre détail, rappelle presque les dénouements d'Agatha Christie... pas ma<br /> tasse de thé.<br /> Cela dit, Scorcese sait se faire pardonner : la dernière phrase du film, prononcée par Di Caprio, est un vertige au-dessus des différents degrés de conscience de son personnage. Un terrible<br /> vertige.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Tu as tout à fait raison : cette scène d'explication est trop démonstrative (comme d'ailleurs le reste du film). Pourtant, je crois qu'elle reste nécessaire ne serait-ce que pour donner sa portée à<br /> la réplique finale. Mais à faire avec plus de légèreté?<br /> La réplique finale : tout à fait d'accord. Elle m'a frappé moi aussi. Je l'ai interprétée comme le choix délibéré de celui qui est censé ne plus en avoir (l'aliéné). Mourir lucidement en fou et en<br /> héros plutôt que se survivre à lui-même. Et toi, comment l'as-tu entendue?<br /> <br /> <br />
B
<br /> Un film sans doute interessant d'après la façon dont tu en parles.Je ne l'ai pas vu,redoutant un peu le côté "psychopathe" mais Léonardo di Caprio est un grand acteur sachant jouer sur tous les<br /> registres.Il doit être criant de vérité.Dans "l'ile" je l'ai vraiment trouvé très bon.Alors pourquoi pas?<br /> Je vais commander ton bouquin policier pour voir un peu le "noir" Christophe.Bon lundi.Vite je rebulle!<br /> <br /> <br />
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