Let England Shake

Publié le par christophe bouquerel

 

 

 

 

http://2.bp.blogspot.com/-RsSheLmvwE8/TViEKoOV_DI/AAAAAAAAHL0/H2JU6oS8syM/s1600/pj-harvey-let-england-shake.jpgCoup de cœur pour l’album de PJ Harvey, comme le mois dernier pour celui de Joan as police woman (et en attendant celui de Radiohead!).


Pourtant, ces derniers temps, j'avais un peu perdu la miss de vue (ou plutôt d’ouie).  Je suis heureux de la retrouver ici, ou de la redécouvrir, moins rageuse, plus harmonieuse. Chacune des chansons est accrocheuse, très pop, mais il y a toujours une ou deux idées surprenantes dans les instruments choisis, l’orchestration (des percussions bizarres, de la harpe, du piano, des flon-flons) ou le travail sur la voix (« Let England Shake » ou  « On Battleship Hill »)

Les atmosphères sont souvent envoûtantes et les paroles valent le coup d’être écoutées.  Cette fois, la rockeuse ne parle pas d'elle-même mais témoigne de l'état du monde. Dans plusieurs chansons, PJ déclare un amour très vache à l’Angleterre, par exemple « The Last living rose ». 


 

 

 

 

 

 

 

Dans « The Glorious Land », elle dénonce le militarisme qui a conduit l’Angleterre et l’Amérique à s’engager récemment dans des combats douteux (en écho, le "bugle" de ceux qui se croyaient dans un western).


 

 

 

(video postée par Kosmiker)

 

 


Mais je suis encore plus touché par les histoires étranges qu’elle se met parfois à nous raconter. Sur des guerres plus anciennes ou plus lointaines. L’âme du soldat Walker qui s’élève doucement au dessus de la brume du no man's land, tandis qu'il aperçoit encore, suspendus aux barbelés, des fantômes peu hâtifs (« Hanging in the Wire »). La vision des mains des femmes qui s’agitent pour dire adieu comme des branches amères (« Bitter Branches »).  Ou, dans une sorte de rêve, la rencontre avec d’étranges personnages dans une ville du Moyen Orient dévastée (« Written on the Forehead », l'une de mes préférées). 

 

People throwing dinars at the belly-dancers
In a sad circus by a trench of burning oil
People throw belongings; a lifetime's earnings
Amongst the scattered rubbish and suitcases on the sidewalk

Date palms and orange and tangerine trees
With eyes that're crying for everything
(Let it burn! Let it burn, burn, burn

Blood blood blood blood and fire!...)

So I talked to an old man by the generator
He was standing on the gravel by the fetid river
He turned to me and answered, "Baby, see."
Said, "War is here in our beloved city."

Some dove in the river and tried to swim away
Through tons of sewage; fate written on their foreheads
Date palms and orange and tangerine trees
With eyes that're crying for everything

Let it burn, let it burn!
Let it burn, let it burn!
Let it burn, let it burn!
Let it burn, let it burn!

 

 

 


Le lyrisme de beaucoup des textes est traversé par la conscience aiguë que la vérité du monde est la mort, que la nature la porte en elle autant que les hommes, que son visage est celui de « tous et de chacun », « All and Everyone ».

 

 

 


Mais ce qui est frappant, c’est que ces thèmes sombres sont exprimés avec une verve communicative. D’où l’impression d’énergie dégagée par l’album. La joie de chanter la mort. Non, elle n’est pas apaisée, la Polly Jean. Toujours une écorchée vive. Mais aussi une musicienne inventive. Comme si, avec ses compagnons John Parrish et Mick Harvey, à travers toutes ces expéditions, elle n’avait pas renoncé à chercher le secret du monde « dans ses endroits les plus sombres » (« In the dark places »).

 

 

 

(video postée par Annci 1978)

 

 

 


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