Artémisia

Publié le par christophe bouquerel

 

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/0b/Artemisia_Prepares_to_Drink_the_Ashes_of_her_Husband%2C_Mausolus.jpg

 

Artemisia s'apprêtant à boire les cendres de son mari, Mausole

Francesco Furini (1630)

 

Après la mort de son frère et mari, Mausole, Artémisia, inconsolable, lui fait construire un tombeau délirant, mélange de pyramide et de temple grec, surmonté d'un quadrige qu'elle conduit avec lui, et qui deviendra l'une des sept merveilles du monde. Chaque jour, elle boit un peu de ses cendres pour se l'incorporer et le maintenir en vie. Ou peut-être pour s'empoisonner elle-même lentement? Elle ne lui survit que deux ans.

J'aime les yeux fiévreusement battus de cette Artémise-là, fixée dans ceux du spectateur pour voir s'il peut saisir cette mélancolie qui la possède, son visage allongé aux joues rosies par le fard qui contraste avec la chair blanche du sein qu'elle n'offre qu'à son amant mort, à cette déchirure de la dentelle. 

Et l'étonnant catafalque de soie noire dans laquelle elle s'enferme pour se livrer à cette cérémonie d'amour funèbre, d'érotisme morbide, a lui-même d'intense reflets blancs. Lumière dans la chambre noire du désir.

De Francesco Furini, à qui cette belle Artémisia est attribuée, je ne sais rien sinon qu'il a été influencé dans ses débuts par le Caravage et qu'il a fini par se faire prêtre. J'espère pour lui qu'il avait beaucoup à se faire pardonner et qu'il s'est infligé plein de scènes pieuses pour expier ses tentatrices païennes.

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